Fraude électorale : les témoignages poignants des électeurs du département Woleu.




Les élections législatives et locales du 27 septembre ne font que faire couler beaucoup d'encre et de salive. C'est le cas dans le département du Woleu, province du Woleu-Ntem, où plusieurs électeurs racontent en anonymat ce qu'ils ont vécu le jour du scrutin dans leurs différents centres de vote.


Cette électrice du village Assock Medzeng dans le canton Kye n'a pas caché sa désolation et raconte ce qu'elle a vécu. "Je me suis rendu au centre de vote de mon village aux environs de 11 h. Avec les échanges houleux entre les scrutateurs et des usagers, j'étais obligé de traîner dans les alentours. La discussion entre certains électeurs et les scrutateurs était axée sur ce principe, à savoir que chaque famille avait l'autorisation de voter pour son parent décédé ou absent, et c'est ce qui s'était passé. Ils ont dit qu'on fait comme à l'élection présidentielle, c'est pour le bien du parti du président. C'est pas un mensonge. Il suffit d'aller vérifier la liste d'émargement en présence de deux ou trois personnes originaires de notre village."

Un témoignage similaire pour une autre électrice qui a voté au village Avazock dans le canton Woleu. "Pendant le déroulement du vote, un monsieur au nom de Minso'o, grand soutien du candidat de l'UDB de notre canton. Il disait être contrôleur, je ne sais de quel organe, mais dans sa voiture il avait tout un lot de procurations qu'il remplissait au fur et à mesure. Cet acte de fraude a même fait réagir l'un des chefs du village. Malheureusement, la réaction du chef n'avait aucun poids face aux forces en présence de l'UDB. Les scrutateurs du bureau de vote étaient de connivence avec les personnes externes qui n'avaient qu'une mission, faire voter illicitement les gens. Il faisait le tour de notre tronçon routière".


Les stratégies de fraude étaient variées. Au village Toulon-Ville dans le canton Kye, des électeurs venus dans l'après-midi n'ont pas pu retrouver leurs cartes d'électeurs, elles ont été récupérées par des inconnus qui auraient voté à leur place. 


La même stratégie aurait été appliquée dans le centre de vote de Saint-Éloi au quartier Akoakam dans la commune d'Oyem, où des bureaux de vote étaient composés des scrutateurs issus d'une même famille, voire de la même fratrie. Selon un témoignage proche de la tête de liste de l'UDB dans le premier arrondissement d'Oyem, plusieurs cartes des personnes absentes ou décédées auraient été récupérées et envoyées à l'extérieur pour l'établissement des procurations. 


En zone rurale, les arguments fallacieux impliquant le nom du Chef de l'État ont été parfois utilisés afin de soudoyer les villageois. "Ils nous ont dit de faire le 100 % comme à l'élection présidentielle car l'UDB c'est le parti du président de la République, les députés sont ses représentants dans chaque canton. Le canton qui ne vote pas ses candidats sera oublié, les travaux encore sur ce tronçon pourront s'arrêter." témoigne un habitant du village Abam-Eba.


Au regard de tous les témoignages enregistrés à travers les cinq cantons qui composent le département du Woleu et la commune d'Oyem, aucun bureau de vote ne semble avoir été épargné de la fraude. 

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