Éditorial : Les partis politiques en voie de passer à leur tour à l'abattoir.
Élu président de la République le 12 avril 2025 avec un soutien de plus de 100 partis politiques réunis autour de la plateforme Le rassemblement des bâtisseurs, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu les partis politiques légalement reconnus le mercredi 7 mai pour préparer les échéances électorales à venir qui auront lieu aux dates qu'il a indiquées lors de son investiture.
Lors de cette rencontre, le président gabonais a fait part à ses hôtes du nouveau schéma vital des partis politiques dans la 5e République, "nous en ignorons les quatre républiques passées", parmi lesquels l'obligation d'avoir 18 000 adhérents ; l'obligation d'atteindre 5 députés et 30 conseillers lors des prochaines élections, pour ne citer que celles-ci.
Les exigences, bien que salutaires, qui découleraient des résolutions retenues lors du dialogue national surprennent plusieurs compatriotes qui avaient pourtant voté massivement oui lors du référendum, ne cadrent pas avec l'environnement politique de notre pays et celui des autres États qui servent régulièrement de modèle.
Le rêve mis en exergue
Quelques jours après sa prestation de serment en tant que président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema avait exprimé son animosité face à la multiplication des partis politiques dans un pays moins peuplé comme le Gabon. Il avait par suite exprimé sa volonté de voir le Gabon avec deux ou trois grands partis politiques, en prenant pour exemple les États-Unis. Son annonce faite lors de la rencontre avec les responsables des partis politiques serait tout simplement la matérialisation de sa pensée. Si certains analystes politiques voient en ces termes une envie du nouveau président d'assainir l'environnement politique gabonais pour mettre fin au platonisme exercé par plusieurs partis dont les activités étaient visibles qu'en période électorale ou dans circonstances particulières générant de l'argent. Par contre, d'autres considèrent ces recommandations du président de la République, pourtant qui font partie des résolutions du dialogue inclusif, comme étant une arme préparée pour détruire tous les partis politiques afin de régner en maître et d'ouvrir la porte aux personnalités politiques abeilles qui sont habituées à suivre le miel et viendront s'agripper dans le prochain parti au pouvoir qui est en train d'être créé en sourdine, comme ils l'ont fait dès l'annonce de la mise sur pied de la plateforme le ressemblent des bâtisseurs à la veille de l'élection présidentielle. L'unique intérêt de ces immortels politiques, c'est la course aux fonctions et à de l'argent facile.
La réalité ésotérique
N'étant pas des évaluateurs politiques, mais en tant qu'observateurs de la vie politique gabonaise et africaine, nous pouvons faire certaines observations et poser certaines interrogations. Dans aucun pays au monde un président ou un député n'a été élu par les militants de son parti, car la majorité des électeurs ne sont pas militants des partis politiques. Seule une minorité de citoyens est sincèrement militante dans les formations politiques.
En prenant la calculatrice, dans un pays de moins de deux millions d'habitants, avec seulement 920 000 électeurs, il serait impossible d'imposer 18 000 adhérents et 5 députés pour moins de 150 sièges à une nation qui compte près de 100 partis légalement reconnus.
Le multipartisme, le pluralisme syndical et des médias sont des baromètres de la démocratie et des libertés, dont le président de la République est attaché au prix. Au moment où le Gabon se dessine en modèle planétaire, certains de nos engagements internationaux, dont la déclaration universelle des droits de l'homme et la charte africaine, qui exigent la liberté d'opinion, l'adhésion au parti politique ou à une religion de son choix sans orientation d'un tiers, soient respectés. Les restrictions qui finiront par se muer en dérives autoritaires sont comme une plaie mal soignée : en haut, nous voyons la cicatrice, pendant que l'intérieur pourrit.
Le toilettage nécessaire, mais avec des mesures propres.
Le Gabon, pays le moins peuplé avec plus de 100 partis politiques, c'est un véritable désordre orchestré autrefois par un pouvoir qui faisait de la manipulation un mythe de sa gouvernance. Au moment où nous parlons du nouveau Gabon démocratique, il existe des solutions plus classiques pour faire disparaitre ces partis politiques sans vision qui ne servent que pour le business politique. Parmi celles proposées par le président de la République, on peut citer l'obligation d'avoir un siège, un compte bancaire vérifiable chaque année. Au lieu d'imposer à un parti politique 5 députés, il serait souhaitable de réduire ce nombre à 1 élu à l'Assemblée nationale et à au moins 10 conseillers municipaux ou départementaux. Ces exigences pourtant simples pourraient pousser plusieurs partis politiques à la mort.
Renforcement du jeu démocratique
Si les responsables des partis politiques se sont montrés faibles face à l'homélie du chef de l'État, en ces débuts de la nouvelle ère politique du Gabon, il est plus que nécessaire de donner du bon sens aux premières décisions qui illustrent le futur. À cet effet, il serait souhaitable que les nouveaux dirigeants concentrent une fois de plus leurs efforts sur une véritable démocratie participative dont les décisions sont prises selon la volonté sincère du peuple. Ceci passe par le renforcement de la transparence électorale à travers un code électoral fiable, incluant certaines réformes pouvant mettre fin à la distribution de l'argent pendant la campagne électorale. Ceci permettra de donner un prévalent aux projets souvent présentés par les candidats.
Pour conclure, le bastringue qui existe au sein de la classe politique gabonaise ne vient pas de leur nombre, plutôt du mauvais jeu politique pratiqué par les tenants du pouvoir. Il suffit que le pouvoir cesser d'arroser par l'argent et les fonctions ces partis politiques, ils finiront par disparaitre.
Vany Corso SIMA ELLA
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